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aux jambes ; quand ta femme mourra de male faim, tu chanteras tes meâ culpâ vainement ; puis, seul en cettuy monde, tu battras sus ta panse creuse le tambour ès kermesses, et les fillettes ayant dansé à cette musique te bailleront quelques nazardes pour payer leur plaisir : puis, finablement, tu te cacheras en ta maison pour n’oser plus montrer tes guenilles en la ville, et là, galeux, claquedent, viande à vermine, tu trépasseras seul sus ton fumier comme lépreux et on te portera en terre, et Slimbroek viendra se rigouler sus ta dépouille. »

— « Ha, » dit Smetse, « il le ferait le pendard. »

— « N’attends point cette vile fin, » dit la voix, « trépasser est moins dur : saute à l’eau, Smetse, saute, Smee. »

— « Las ! » lamenta-t-il, « si je me donne à vous je brûlerai éternellement. »

— « Tu ne brûleras point, » dit la voix, « mais nous seras nourriture, forgeron. »

— « Moi, » s’exclama Smetse bien effrayé à ce propos, « me cuidez-vous manger là-bas ? Je n’y suis bon du tout, je le vous dois dire. Il n’est viande, plus que la mienne, âpre, dure, commune, populaire. Elle fut d’ailleurs de peste, gale et autres viles maladies jadis infectée. Ha, vous ferez de moi piètre festin, vous au-