Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 92 —

seigneurs menaient noces et festins sans cesse, robbaient tout aux pauvres manants, blé, fromage, poules, coqs, bœufs, veaux et pourceaux.

Puis, ayant bauffré outre l’ordinaire suffisance, jetaient à manger à leurs chiens les bonnes viandes et les fins gâteaux ;

Donnaient à étrangler et mettre en pièces aux éperviers, faucons et laniers, les poules, coqs et pigeons ; Fesaient baigner de vin les pieds de leurs chevaux.

Souventefois jusques à la minuit, voire même au coq chantant, battaient tambours, chifflaient scalmeyn, chantaient violes, sonnaient trompettes, ronflaient cornemuses, pour leur ébattement.

XVI.

Cependant ès chaumines des manants étaient pleurs, faim et misère grande.

Et la quinzième vierge ayant été prise sus la terre d’Halewyn,

Les mères prièrent Dieu de les faire stériles ou qu’elles procréassent mâles uniquement.

Et les pères grondaient, et s’entredisaient basse-