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XV.

Et le Sire d’Halewyn devint grandement puissant et redouté et tua jusques quinze vierges lesquelles il pendit toutes au Champ de potences.

Et il menait joyeuse vie, sans cesse mangeant, buvant et festinant.

Chacune dame qui s’était de lui gaussée en son temps de faiblesse et laideur était en son château venue.

Le Méchant, en ayant usé, la chassait comme chien, soi revanchant ainsi vilainement.

Et de Lille, Gand et Bruges lui venaient les filles de joie les plus belles, portant au bras leur enseigne, et elles servaient à son plaisir et à celui de ses amis, emmi lesquels les plus méchants étaient Diederich Patre-Nôtre, ainsi nommé de ce qu’il hantait volontiers les églises ; Nellin le Loup, lequel ès batailles ne s’attaquait autrement qu’à ceux qui étaient chus, ainsi que font loups ; et Baudouin Sans Oreille, lequel en son tribunal criait toujours : « À mort, à mort ! » sans prétendre ouïr défense aucune.

Ensemble avec les belles filles de joie, les dits