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tinguer par le marquis de Thiange, gouverneur et lieutenant du roi pour le pays de Bresse, qui le prit en qualité de secrétaire. Il fut ensuite attaché au service du Maréchal de la Mothe-Houdancourt, vice-roi de Catalogne, qui lui confia plusieurs charges importantes. C’est en revenant d’Espagne, en 1644, où l’avait conduit une mission de confiance, qu’il mourut à Tain, près de Tournon. Charles Démia avait alors sept ans. L’année suivante, il perdit sa mère. La mort lui ravit encore, en 1647, son jeune frère Joseph, âgé de cinq à six ans, et le petit orphelin fut élevé par sa tante, Jacquéma Démia, recommandable par sa grande piété.

Des vertus précoces annoncèrent en cet enfant le prédestiné de Dieu, l'apôtre, le propagateur de la foi, le père des pauvres. Autour de son enfance pieuse, on remarque de ces traits étonnants qu’on rencontre dans la Vie des Saints. Aux bras de sa nourrice, on l’avait vu demander, avec importunité, de l'argent pour le distribuer aux malheureux. Plus tard, il quittait en plein hiver sa chemisette pour la donner à un mendiant. L’amour des pauvres, que le souffle de l’Esprit-Saint allumait dans ce jeune cœur, devait décider de sa vocation.

Charles placé par sa vertueuse tante au Collège des Jésuites y fit des progrès rapides, et se montra un congréganiste exemplaire. Il étudia ensuite le droit civil et canonique et prit le grade de Docteur. Tout souriait au jeune homme. Honneurs, estime, science, fortune, indépendance, il possédait tout ce qui pouvait, dans le monde, lui faire une situation brillante. Mais Dieu l'attirait à Lui, comme il attire ses privilégiés, par le dégoût des choses terrestres et l’amour des biens célestes. Quand Charles eut prié, consulté, distribué aux pauvres d’abondantes aumônes, il eut en plein la lumière. Le 31 mars 1654, il vint à Lyon et y prit la tonsure. Il avait dix-huit ans. Quelques années après, le 8 septembre 1660, jour de la Nativité de la Sainte Vierge, il entrait au séminaire des Bons-Enfants, à Paris, d’où il passa à Saint-Nicolas-du-Chardonnet et enfin à Saint-Sulpice. Là florissait l’institution, récente encore, fondée par M. Olier, pour la formation des prêtres et leur préparation à l’apostolat. De ce séminaire devaient sortir les Fénelon, les de la Salle, les Gri-