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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


V. — DE SÉOUL À L’ÎLE DE QUELPAËRT OU TCHAE-TCHIOU


L’île de Quelpaërt, que les indigènes désignent sous le nom de Tchae-Tchiou, est située dans la mer de Chine, à environ 96 kilomètres au sud de la péninsule coréenne, entre les parallèles 33° et 34° nord et les méridiens 124° et 126° est de Paris. Elle se développe sur une longueur de 64 kilomètres de l’est-nord à l’ouest-sud-ouest, tandis que sa largeur n’est que d’environ 27 kilomètres.

La haute chaîne de montagnes qui la traverse dans toute son étendue est dominée au centre par le pic élevé connu sous l’appellation de Halla-San, environ 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Bien que placée sur la route suivie par les navires qui naviguent dans les mers de Chine et du Japon, Quelpaërt est restée terra incognita et a continué à demeurer isolée du reste du monde encore plus strictement que la Corée même, dont elle est cependant une dépendance.

Il y a maintenant deux cent trente-cinq ans que le voilier hollandais l’Épervier (Sparwehr), qui se rendait de Batavia à Nagasaki, fit naufrage sur la côte de l’île. On sait par les renseignements qui nous sont parvenus que l’Épervier avait quitté Formose le 16 juillet 1603 et se dirigeait sur le Japon quand une tempête épouvantable s’éleva aux environs de Quelpaërt. Le bateau se trouvant à proximité d’une terre sous le vent, le capitaine, en présence d’une mort certaine, tenta de s’y mettre à l’abri ; il ordonna en conséquence aux matelots de couper le mât et de se recommander à Dieu. Trente-six des soixante-quatre hommes composant l’équipage réussirent à gagner la côte, et parmi eux Hendrik Hamel, le subrécargue. Celui-ci, avec ses compagnons, passa quatorze années dans les prisons coréennes et parvint enfin, avec quelques-uns des malheureux qui avaient survécu à cette captivité, à prendre la fuite. Le récit qu’il publia plus tard de ses aventures est une merveilleuse histoire qui, partout où elle a été lue, a appelé la plus vive attention sur le royaume ermite.

Personne avant Hamel et personne, depuis lors, n’a foulé le sol sacré