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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

fonde. Il n’y a que deux choses de jolies, ce sont les deux montagnes : le Pok-San et le Nam-San, montagnes nord et sud qui sont vraiment grandioses et paraissent deux sentinelles qui tiennent la veille sur la ville couchée à leurs pieds. Et sentinelles, elles le sont par le fait, car, suivant un très ancien usage, les feux-signaux sont allumés sur leurs sommets chaque nuit, pour indiquer aux habitants, suivant leur nombre, que le pays est tranquille ou qu’il court un danger.

Bâtie par le fondateur de la dynastie actuelle, en 1392, la ville est entourée d’une muraille d’environ 20 pieds de hauteur sur 3 d’épaisseur. Sept portes monumentales donnent accès à l’intérieur. Elles ont été construites dans le style chinois, reste de l’art bouddhique, dont il y a quelques temples et monuments encore debout.

Les murs de la capitale, ainsi que les enceintes des fortifications, qu’on appelle les citadelles du roi, ont été bâtis par le roi Tadjo ; ce souverain ordonna que tout habitant, entrant ou sortant, porterait une pierre d’un certain poids ou d’une certaine taille et la déposerait sur le revêtement. La pensée du roi fut trouvée heureuse, et les murs de la ville, ainsi que ceux des fortifications désignées, grandirent comme par magie.

Les portes de la ville ont chacune une affectation particulière : la porte du Nord est affectée spécialement au service de Sa Majesté ; la porte du Sud est pour les nobles ; la porte Est amène au temple du roi, et c’est par là que Sa Majesté sort lorsqu’elle va, en procession, sacrifier aux cendres de ses ancêtres ; la porte Ouest est celle dont se servent les visiteurs ou résidents européens. Celle du Sud-Est est celle par laquelle sortent les processions funéraires ; la porte Sud-Ouest est celle où passent les criminels à exécuter ; la porte Nord-Ouest mène à Pékin.

En dehors des quelques habitations des étrangers et des palais et résidences européens récemment construits, Séoul, avec ses 250,000 âmes, se compose de misérables huttes couvertes de chaume, autour desquelles se trouvent des mares d’immondices qui défient toute description. Le choléra s’y trouve à l’état endémique, mais le grand fléau du pays est la variole. Si le traitement n’est pas efficace, il est au moins excessivement simple ; la pharmacie coréenne est peu compliquée, la seule médication employée étant un bouillon de chien ! Sa Majesté Li-Hi use fréquemment de ce