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DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN.

que, d’après la légende, Téléclès et Théodore avaient rapportées de l’Égypte s’étaient conservées en Grèce durant les trois cents ans qui séparent les fils de Rhaicus, nés au vin siècle avant notre ère, de Polyclète qui florissait au Y siècle, étant le contemporain de Phidias.

Il y a plus. Dans ce recueil de dessins puhlié sans texte par M. Lepsius, sous le titre : Choix de monuments, nous avons vu, non sans un intérêt, que le canon égyptien s’appliquait au lion aussi bien qu’à l’homme. C’est ce que démontre la figure, ici reproduite, d’un lion couché, vu de profil, figure dont le simple contour offre un si grand caractère de force tranquille et de majesté. Divisé en dix-neuf parties, comme le modèle humain, ce lion a également pour unité de mesure son ongle le plus

figure de lion, mesurée selon le canon égyptien.

long, celui qui répond exactement au médius de l’homme. Ainsi s’explique ce que l’on raconte de Phidias, que d’après l ongle d’un lion il détermina la taille et les proportions de l’animal. De là sans doute est venu le proverbe latin ab ungue leonem (à l’ongle on connaît le lion), proverbe qui aura transporté dans l’ordre moral une loi qui avait d’abord été observée dans l’ordre physique. Mais, si Phidias connaissait les proportions égyptiennes du lion, il connaissait donc aussi les proportions égyptiennes de l’homme, puisque les deux canons ont la même unité de mesure, le même étalon. Nous tenons donc, ce nous semble, une nouvelle preuve que le canon égyptien était connu et pratiqué en Grèce, du temps de Polyclète, et que les proportions dont ce grand statuaire avait écrit la règle et sculpté le modèle étaient conformes à celles que les prêtres égyptiens enseignèrent aux fils de Rhæcus, au viie siècle avant notre ère.