en vinrent à réunir ces deux moyens d’expression. Le temple de le Victoire Aptère, récemment relevé de ses ruines et qui est un des plus anciens temples de l’ordre ionique, ne présente encore que des colonnes médiocrement élancées, puisqu’elles ont un peu moins de hiuit diamètres, et l’entre-colonnement est de deux diamètres. À l’Érechthéion, les colonnes sont plus sveltes, puisqu’elles ont plus de neuf diamètres au portique de l’orient et plus de huit au portique du nord, et pourtant l’entre-colonnement y est plus large qu’au temple de la Victoire Aptère, car il est de deux diamètres un huitième, dans le premier portique, et presque de trois diamètres dans le second. Ainsi, tout en ayant soin de tenir plus massives les colonnes qu’ils voulaient espacer davantage, les Grecs n’en ont pas moins distingué leur ordre ionique et par une colonne j)lus élancée et par un entre-colonnement plus large. Cette double différence, elle est frappante sur l’Acropole d’Athènes, où le dorique du Parthénon et l’ionique de l’Érechthéum s’élèvent en regard l’un de l’autre, à une distance de soixante pas.
Mais c’est dans le chapiteau de la colonne qu’est placé le trait caractéristique de l’ordre, le volute. Selon Vitruve, la volute serait l’imitation de deux boucles de cheveux encadrant la coiffure d’une femme dont la tête serait représentée par le chapiteau. Nous avons vu que cette forme, la volute, était originaire de l’Asie, et qu’on en trouvait le principe dans les chapiteaux de Persépolis. Mais les Grecs, supérieurs à tous les peuples par le raffinement de la raison et par l’extrême pureté du goût, les Grecs se sont approprié la volute en lui donnant une expression pleine de douceur et d’élégance. L’ordre ionique, encore une fois, est destiné à la demeure d’une divinité gracieuse comme Minerve Poliade, ou d’une jeune fille comme Pandrose, ou de cette Victoire sans ailes qui, ne pouvant plus s’envoler, ne quittera jamais la ville sacrée des Athéniens. Un tel ordre d’architecture ne doit donc éveiller en nous que des sentiments de délicatesse et d’amour. C’est pour cela qu’il s’annonce à nos regards par la plus belle courbe qui soit dans la nature. Il se peut qu’originairement l’idée de la volute soit venue de l’écorce roulée du bouleau, ou bien des cornes de bélier qu’on avait coutume de suspendre aux autels et aux cippes funéraires ; il se peut aussi la volute rappelle tout simplement les copeaux que le charpentier avait enlevés en voulant équarrir un poteau de bois, selon l’indication pratique et ingénieuse que semble donner M. Viollet-Le-Duc. Mais sous la main de l’artiste grec, l’enroulement asiatique s’est transformé ; il a imité la charmante spirale de ces coquillages de mer au milieu desquels était née la Vénus Anadyomène.
Maintenant, sur les colonnes ioniques, légers supports d’un temple intime, comment faire peser le sévère entablement du Parthénon ou la rude architrave de Pæstum ? Non seulement l’architecte allégera sa poutre de marbre et en affaiblira encore l’image eu la divisant, mais entre le fût de la colonne et le poids qu’elle doit porter il interposera un coussinet qui