maux apparaissent ensuite, non plus comme des figures d’une réalité inutile, mais comme des emblèmes de la nature sauvage domptée par l’homme. L’Indien asseoit la plate-bande de son édifice sur des éléphants ; le Persan remplace le chapiteau de ses colonnes par une double tête de taureau ; le Grec fait servir des mufles de lion à vomir l’eau de pluie.
colonne persane.
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support indien.
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L’animal est substitué de la sorte aux membres de l’architecture ; il n’y est
pas introduit pour décorer seulement, mais pour remplir une fonction
évidente de servitude. Ce n’est pas tout : la figure humaine est évoquée à
son tour, et, dans ce cosmos artificiel, elle joue aussi un rôle subordonne
à la conception du monument. Cependant, à mesure que la création s’élève,
l’architecte l’imite avec plus de soin et de respect. Plus les formes sont
nobles et belles, plus fidèlement il les reproduit, mais toujours en les renfermant
dans un cadre inévitable, et en les soumettant à l’inexorable
fatalité de son dessin. Quelquefois même des êtres humains feront l’office
de piliers et deviendront des formes de construction. Tantôt, comme dans
le temple d’Agrigente, des hommes robustes prendront la place des colonnes
et, sur leurs épaules, ils porteront, esclaves gémissants, le fardeau de
la toiture. Tantôt, comme dans le Pandroséion d’Athènes, des jeunes filles
seront les supports d’une poutre de marbre, et, sur le coussinet où elles
avaient porté l’eau de la fontaine, elles soutiendront, captives et pétri fiées,
un édilicc délicat et léger comme elles, le temple d’une vierge[1]…
- ↑ Voir les Cariatides du Pandroséion d’Athènes, au second livre.