pays chauds, elle y est aussi plus serrée et plus violente. Il faut alors moins de pente à l’écoulement des eaux, parce que leur abondance même les entraîne, et que la chaleur du climat sèche le comble presque aussitôt que la pluie a cessé. Dans les pays tempérés, au contraire, où il pleut plus souvent et moins fort, les toitures sèchent plus lentement : il y faut une pente plus raide. Enfin cette pente doit se prononcer encore davantage dans les pays froids, où la pluie et la neige détruiraient les combles en y séjournant… Et maintenant, quelle diversité d’aspect entre les bâtiments à plates-formes et nos édifices au faîte plus ou moins aigu ! Les uns reposent, les autres s’élancent : de là des expressions toutes différentes ; de là des idées de calme ou de mouvement, de sérénité ou d’inquiétude, d’aspiration hardie ou de paix.
Les matériaux. Les matériaux que l’architecture met en œuvre sont de deux espèces, naturels et artificiels.
Les matériaux naturels, ceux dont les molécules ont une cohésion formée par la nature, sont la pierre, le bois, le fer, le plomb, le zinc, l’ardoise. Sous le nom générique de pierre, qui indique une matière commune, on comprend des substances précieuses, telles que les granités, les porphyres, les basaltes et les innombrables variétés de marbre. Le marbre, en effet, n’est qu’une pierre calcaire, mais d’un grain assez fin et assez compacte pour recevoir le poli, comme l’exprime l’étymologie grecque du mot, qui est μαρμαίρειν, reluire.
Les matériaux artificiels sont la brique, le béton, le pisé, le bitume, la faïence, la porcelaine. Ils sont ou homogènes, c’est-à-dire formés d’une matière unique, ou hétérogènes, c’est-à-dire composés de substances diverses, mais associées et rendues cohérentes par le génie de l’homme. Pour combiner des éléments naturels et en créer des matériaux factices, l’architecte a employé l’action de l’air, de l’eau et du feu, et dans sa collaboration avec la nature, chose admirable, ce sont trois agents destructeurs qui lui ont servi à fabriquer des éléments de construction.
En faisant sécher à l’air libre des carreaux d’argile, il s’est procuré des briques crues, comme celles que les voyageurs Rich et Ker Porter ont trouvées par monceaux dans les ruines de Babylone, et des adobes, qui sont des matériaux du même genre au Mexique et au Pérou. Le procédé de dessiccation à l’air lui a permis également d’élever ces murs de terre battue, encaissés et moulés entre deux planches, que l’on nomme aujourd’hui pisé, et qui excitèrent, il y a deux mille ans, l’admiration des Romains : « Mais quoi ! dit Pline le Naturaliste, ne voit-on pas en Afrique et en Espagne des murailles de terre appelées murailles de forme (parietes formaccos), parce qu’on les jette en moule plutôt qu’on ne les construit, et ces murailles ne durent-elles pas des siècles, en résistant aux pluies,