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ne lui fait & ne peut lui faire aucun mal.

Comme il sçait, que ce moucheron est un être sensible qui goûte, à sa manière, les douceurs de l’éxistence ; il ne le privera point de la vie par plaisir, par caprice ou sans réfléxion : il respectera en lui la main qui l’a formé, & n’abusera point de sa supériorité sur un être que son souffle pourroit détruire.

Je l’ai dit ; l’homme intelligent & moral se conforme à la nature & aux rélations des êtres. Il ne les confond point, quand il peut les distinguer, & il s’applique à les distinguer. Ainsi, dès que l’expérience & le raisonnement lui rendent probable, que tel ou tel être est doué de sentiment, il en agit à l’égard de cet être, conformément aux rapports naturels que la sensibilité met entre l’homme & tous les êtres, qui participent, comme lui, à cette noble prérogative. Il est homme ; tout ce qui respire peut intéresser son humanité.

Il est un être moral ; les jugemens de sa raison éclairée sont pour lui des loix, parce qu’ils sont les résultats de la connoissance qu’il a de l’ordre établi. Il est ainsi à lui-même sa propre loi : & quand il n’auroit