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il n’y a qu’un moment : comme l’on ne sçauroit calculer ce que les ames peuvent ou ne peuvent pas, on suppose facilement qu’elles peuvent au moins tout ce que le pur méchanisme ne peut pas. Cette manière si commode de philosopher favorise merveilleusement la paresse de l’esprit, & dispense du soin pénible de faire des expériences, d’en combiner les résultats, & de méditer sur ces résultats. Si cette sorte de philosophie prenoit jamais dans le monde, elle seroit le tombeau de la bonne physique.

Et qu’on n’objecte pas, que nous ne connoissons pas mieux les forces des corps, que celles des esprits ; car il y a une différence immense entre prétendre sçavoir ce que la force d’un corps est en elle-même, & prouver par des expériences que cette force appartient à ce corps, & qu’elle est la cause efficiente de tel ou de tel phénomène. Autre chose est dire ce que l’irritabilité est en soi, & démontrer par une suite nombreuse d’expériences variées, qu’elle est propre à la fibre musculaire, & qu’elle est la véritable cause des mouvemens du cœur. Il y a de même une différence énorme entre prétendre montrer ce que