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raisonnable, & qu’un saut d’un état à un autre, infiniment différent, ne sçauroit être naturel. Je m’étonne qu’en quittant la nature sans sujet, les Ecoles ont voulu s’enfoncer exprès dans des difficultés très grandes, & fournir matière aux triomphes apparens des esprits forts, dont toutes les raisons tombent tout d’un coup par cette explication des choses, où il n’y a pas plus de difficulté à concevoir la conservation des Ames (ou plutôt selon moi de l’Animal), que celle qu’il y a dans le changement de la Chenille en Papillon, & dans la conservation de la pensée dans le Sommeil, auquel Jésus-Christ a divinement bien comparé la mort. »

L’auteur rappelle ici en passant, un de ses principes favoris, celui de continuité ; qui n’est, à parler éxactement, qu’une conséquence du principe plus général de la raison suffisante : car, si rien ne se fait sans raison suffisante, l’état actuel de tout être créé, doit avoir sa raison dans l’état qui a précédé immédiatement ; celui-ci, dans un autre encore, & ainsi en remontant par degrés sensibles ou insensibles jusqu’à la première origine de l’être.