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activité excessive qui agrandissait les images riantes de ses désirs.

Cette fois encore elle se tut, n’osant dire combien la conversation de son amie l’avait troublée. Elle prit un ouvrage de couture et, tandis que ses doigts travaillaient, machinalement, elle rêva. Une impatience la torturait : René, son fiancé, devait venir, il dînerait en famille. Elle avait hâte qu’il fût là. Pour elle, il représentait l’homme, celui qui procure les plaisirs mystérieux. Ce n’était pas René qu’elle aimait, c’était elle-même, et lui ne restait que l’outil de sa propre satisfaction. Il devait l’apaiser, la rendre heureuse, rendre sa chair heureuse… Évidemment, il serait un mari présentable, elle croyait donc ne pas devoir souhaiter autre chose. De l’intimité future, elle ne s’inquiétait pas, parce qu’elle avait assez l’habitude de la sournoiserie pour échapper à la tutelle