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visage plus attristé, une mine plus suppliante. Il lui parlait tout bas, avec de grandes phrases lyriques qui, peu à peu, glissaient dans l’âme ingénue de Line l’illusion de la passion. Elle en eut pitié, ne se dit plus qu’il éprouvait pour elle une affection tendre, mais une véritable adoration. Comme elle avait été torturée par la solitude, elle le voyait subissant les mêmes tourments et elle en ressentit un plaisir sadique.

Et, brusquement, un matin, en pensant à André, elle se figura que dans ses bras elle goûterait aux joies délicates de la volupté, parce qu’il serait pour elle l’esclave charmant et doux, se pliant à ses mille volontés. Aussitôt, sa décision fut prise, elle se donnerait, non plus dans le feu de la passion, mais par simple curiosité, pour connaître ce que toujours on lui avait caché. Son ignorance lui assurait