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Après ce premier abattement, il y eut évidemment une réaction violente. Avec colère, elle se révolta contre la destinée qui l’avait faite malheureuse, le cœur vide et les sens inassouvis. De même, elle ne voulut pas admettre que, contrairement à toutes les femmes, elle ne put s’attacher à un amant. Ce lui devenait une idée lancinante et, pour s’apaiser, elle devait arriver à se prouver le contraire. Une première fois, elle avait cru aimer, maintenant elle n’aspirait plus qu’à être aimée, sans rien donner d’elle-même. Ce n’était plus qu’une satisfaction d’orgueil qu’elle cherchait et non un apaisement à ce qu’elle appelait avec lyrisme son isolement sentimental.

Chaque jour, la présence de René lui était plus pesante, mais elle savait cacher son ennui sous un visage riant et des attitudes doucereuses. Elle agissait ainsi,