comme si nous n’étions rien que de la chair, de la maladie et de la mort.
Mais ce mot, la vérole, était plus terrible encore. Certes, Maurice n’avait pas peur des mots. Les mots sont les fantômes des imaginations malades, au-dessus desquels il y a la vie qu’il faut vivre sans penser aux mots. Il était un « souteneur », un « individu sans aveu », et bien des fois cela le faisait rire. « La fille publique Berthe Méténier », aussi. Et qu’importaient les mots, pourvu que l’on vécût à sa guise ! Mais la vérole ! Il se rappela une histoire de son enfance. Il avait quatorze ans, lorsqu’un de ses voisins mourut à vingt-deux ans. Les voisines disaient : « Il est mort comme un vrai fumier. On dit qu’il était complètement pourri. » Être complètement pourri… Il lui venait d’autres souvenirs d’enfance et des idées de pureté. Jamais il n’avait été malade. Sa mère, qui venait de la province,