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des fruits débordants. Tout à l’heure il pensait à lui parler de Louis Buisson, de sa mère et de ses sœurs afin de verser jusqu’au fond son âme dans la sienne. Maintenant il n’y avait plus qu’elle au monde. Face à face, il allait la baiser sur les lèvres et déjà son corps éclatait.

Mais Berthe ne parlait guère. Elle ne parlait pas, et ne pouvait pas parler de sa vie et de ses désirs. Elle écoutait Pierre. Petite prostituée douce et débutante, elle pensait encore avec douceur : « Ce jeune homme a bon cœur et parle comme un amoureux. » Il était impossible de profiter de son cœur au-delà de cinq francs parce que c’était tout ce dont il disposait. Quant à l’amour, elle en avait trop usé. Elle savait de quoi se compose l’amour depuis qu’elle laissait les mâles après elle courir, qui profitent de toutes les faiblesses et satisfont tous leurs besoins. Elle savait qu’il faut convertir