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Le père finit par tout apprendre :

— Je le connais. Un propre ébéniste ! Tout un jour il galvaude dans le quartier. Je voudrais bien savoir à quels moments il travaille. Il ne m’a pas l’air de grand’chose de bon.

Il ne s’en inquiéta pas davantage parce que, étant père de sept enfants, il avait eu beaucoup de mal et il avait appris que la vie est plus forte que nos volontés. Il savait que les filles de Paris flottent entre toutes les tentations et leurs pères, leurs pères les Pauvres, ne peuvent rien leur offrir pour les en préserver. Il savait que nous sommes des manœuvres et des chiens et que nous n’avons pour nous que la misère, dans un monde où la misère est maudite. Après le malheur vient encore le malheur et il n’y a qu’à baisser la tête en grondant. Il pensa : Après tout, ceci la regarde. Je l’ai prévenue. Si c’est sa destinée, je n’y peux rien.