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la gorge sèche et le cœur serré, éteignait sa lampe et descendait dans la rue.

Il marchait. Des prostituées pirouettaient à des coins de rue, avec de pauvres jupes et des yeux questionneurs : il ne les regardait même pas. Il marchait comme marche l’espérance. Quelque jeune femme à la taille serrée marchait devant lui, alors il ralentissait le pas pour mieux la voir. Voici qu’elle lui adressait un sourire. Alors il allongeait le pas pour mieux la fuir et parce qu’une autre femme à la taille serrée… Il marchait comme marche l’espérance, de femme en femme. Il ne voulait pas des unes parce qu’elles étaient trop faciles. Il n’osait pas parler aux autres parce qu’elles n’avaient pas l’air faciles. Il marchait comme marche l’espérance, de femme en femme, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espérance.

Parfois une jeune ouvrière attardée le dépassait, marchant vite pour rentrer chez