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noir, un grand trou perdu dont l’eau amère emplissait sa poitrine. Dans son esprit malhabile la vie formait image, elle voyait devant ses yeux deux épaules débiles et sur lesquelles de grands coups se levaient.

Elle avait une plainte sur elle-même et des mots pour enfants : Pauv’petite Berthe !

Alors elle vit se lever de grands sentiments dans le jour comme un soleil levant. Elle fut éclairée, Madeleine, et quand elle se dressa pour essuyer son visage mouillé, il lui sembla que son cœur s’éclairait avec la prime lumière. Elle vit un fond d’amour par-delà les choses, une grande bonté qui planait et dont les ailes agitées tout à la douce battaient autour de son front. Elle vit cela sans bien se rendre compte, mais son âme était fraîche comme lorsqu’on a mangé des fruits. Alléluia ! chantaient des