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cœurs et, si l’on est une fille publique avec un cœur en danse, on est quand même une femme parmi les hommes avec des douceurs et des hésitations.

Un peu plus tard, elle disait :

— Je suis venue te voir et je sais que ça ne t’ennuiera pas.

Elle vint bien des fois. Elle vint les jours où elle était triste, ayant un reste de noce dans ses jupes et les brutalités des marlous. Elle vint les jours où elle était malade, remuant ses souffrances dans sa tête comme un désespoir constant. Elle ne vint jamais lorsqu’elle était gaie parce qu’alors il y a les rues où l’on est folle, les souteneurs où la joie est plus épaisse et l’argent des putains que l’on jette sur tous les comptoirs. Elle vint surtout les soirs de paye avec son métier et son besoin de gagner son pain.