Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tables, recouvertes d’une nappe blanche contiennent six places et semblent avec leurs verres, leurs carafes, leurs huiliers, des tables bien dressées où l’on mange les grands mets des riches : émincé de chevreuil, pommes paille, hachis d’agneau, œufs miroirs, îles flottantes au chocolat. On y voit des messieurs en chapeau haut de forme qui s’avancent avec orgueil et politesse, mangent sans dire un mot, se tiennent à l’écart et sentent profondément qu’ils sont employés à l’Hôtel de Ville. Puis on y mange toutes les sauces que la vanité inventa pour faire du mal aux pauvres. On commande ses mets sur un ton de commandement et l’on parle à voix basse parce que les gens bien élevés ne font pas de bruit. Berthe était impressionnée par le luxe et disait : « On n’est pas mal ici », elle qui avait connu les charcuteries bon marché des faubourgs.