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le trottoir, les chambres d’hôtel et les pièces d’argent, tout un commerce où l’on vend son âme pendant que l’on vend sa chair.

Il y a le bonheur que l’on cherche. Le bonheur des filles publiques ressemble aux gueules des rues qui sont fortes et qui mordent la vie avec leurs mâchoires. Il faut un bonheur où les hommes soient dressés et vous prennent avec leurs poings comme une colère sous laquelle on plie. Il y a l’amour que l’on cherche. L’amour des passants entre et s’en va sans laisser un peu de son passage, mais il y a l’autre amour pour le cœur des femmes qui les saisit et les recourbe et qui les fait tomber. Autrefois il y avait Maurice.

C’est ainsi que Berthe cherchait le bonheur dans l’amour. Elle connut d’abord Blondin-le-Cycliste. Blondin-le-Cycliste était grand, large, rouge, portait des mains fermes et des pieds solides et marchait dans