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avait marché longtemps, les pierres devenaient dures et pesaient à sa marche comme un tas de pavés et comme des cœurs de pierre. Elle pensait : On me l’a bien donnée.

Ce n’est rien, Seigneur. C’est une femme, sur un trottoir, qui passe et qui gagne sa vie parce qu’il est bien difficile de faire autrement. Un homme s’arrête et lui parle parce que vous nous avez donné la femme comme un plaisir. Et puis cette femme est Berthe, et puis vous savez le reste. Ce n’est rien. C’est un tigre qui a faim. La faim des tigres ressemble à la faim des agneaux. Vous nous avez donné des nourritures. Je pense que ce tigre est bon puisqu’il aime sa femelle et ses enfants et puisqu’il aime à vivre. Mais pourquoi faut-il que la faim des tigres ait du sang, quand la faim des agneaux est si douce ?

Il y eut des jeunes gens bien jeunes qui