courageusement tous les passants parce qu’il s’agit de leur pain quotidien. Les lumières servaient à étudier les visages de la rue, les terrasses de café étaient des lieux d’amorçage où elles semaient un regard après lequel elles se détournaient pour voir si l’on récolte ce que l’on a semé.
Un peu plus tard, Blanche quittait sa sœur et s’en allait vers les Halles et la rue Montmartre. Elle aimait opérer seule parce qu’un travail sérieux a besoin d’une solitude où l’on concentre ses moyens comme un homme qui veut arriver. Il suffisait qu’on la regardât pour qu’elle s’attachât à nos pas ; et, pareille au désir qui est au fond de nos cœurs, elle venait, elle était là, avec ses gestes et ses satisfactions. Elle vendait bon marché pour vendre plus souvent. C’est un quartier de journaux et de bars, et parce qu’il fait sombre les hommes sont plus faciles. Elle se réconfortait plusieurs fois en buvant,