Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles connaissaient le maniement et qu’elles utilisaient sans fatigue parce que leur corps était rompu à son jeu. Tous les coins de rue leur parlaient comme des souvenirs, à chaque pas leur but marchait à leur côté, elles étaient à lui sans sourire et sans s’émouvoir, comme un commerçant qui pratique son commerce. Blanche avait le métier plus facile et procédait par interpellations directes. Berthe, un peu tortillée, montrait des coups d’œil. Une foule, avec des jeunes gens qui semblent des points d’interrogation, avec des hommes de quarante ans dont l’apparence est sérieuse et la conversation nette et sonnante comme une pièce de cent sous, avec des ivrognes qui ne savent plus compter, qui bavent d’amour et qui s’endorment et qu’on laisse… Des souteneurs à gueule noire passaient en les frôlant, avec des mots, avec des airs et des battements d’ailes de corbeaux.