Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on traîne la savate. Depuis le temps de son enfance où elle volait cent sous à sa patronne, un jour était venu où, dans un hôtel meublé, elle laissait choir sa virginité aux mains d’un souteneur et d’autres jours où toutes les dispositions de sa chair et de ses idées la poussaient vers cette carrière que plus tard, librement, elle choisit. Elle y vécut avec assurance, spontanément elle en eut l’allure et le verbe, toute jeune encore elle fut la fille publique comme M. de Musset fut le poète, tout jeune encore. Syphilitique par vocation, sans qu’un regard en arrière vînt lui donner quelque regret, elle eut la tête pleine de poux, sans qu’un désir lui vînt de propreté et ses jupes enroulaient autour d’elle une odeur de vice et de crasse qui faisait les hommes accourir. Elle vivait, joyeuse et inconsciente, et puisque l’argent est une fin en ce monde, elle n’avait ni l’idée du bien ni