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jours elle était si bonne qu’elle n’avait pas conscience du mal qu’on lui faisait.

Elle alla chez sa sœur Blanche.

Pour rien au monde l’on n’eût supposé que Blanche était la sœur de Berthe. C’était une fille de dix-sept ans, rose et blonde, mais si sa peau était jeune et pleine, son vêtement et son allure éloignaient toute idée de jeunesse et l’érigeaient dans la rue au regard des souteneurs comme le type de ce qu’on appelle « une môme dessalée ». Ses cheveux coupés courts au front étaient frisés aux tempes et tirebouchonnaient, suivant l’usage des filles publiques des faubourgs, suivant la règle éternelle qui donne un uniforme et entretient l’orgueil chez les gens d’un même métier. Elle marchait nu-tête, les mains dans les poches de son tablier, tendant le ventre et traînant les pieds comme