et que Berthe se sentait seule. Il y eut un air obscur qui tombait sur les têtes et voilait les yeux. L'hôpital était davantage l'hôpital, la vie semblait davantage la vie pour laquelle on combat et qui vous blesse. Berthe comprit que la vie jusqu'ici lui avait paru trop facile.
Mais Blanche se mit à dire :
— Et puis quoi ! Y a assez longtemps qu'il te donnait des coups.
Pendant les jours suivants, Berthe recomposa sa vie. Les habitudes de Maurice étaient entrées en son corps et, mêlées à son sang, formaient sa chair et ses idées. Elle était Berthe d'abord, mais elle était aussi celle qu'un homme pendant quatre ans arrosa, comme la terre d'Égypte aux bords du Nil débordant. Elle eut bien peur. À dix-sept ans, il la prit par la main et la con-