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miens puisqu’il y a déjà trois mois que nous nous connaissons, Je l’envoie un mandat-poste de trois francs.

Voici ce que je voulais Le dire : nos relations doivent changer parce que je ne veux pas attraper ton mal. Je n’hésite jamais à faire le sacrifice de moi-même, mais ici ce sacrifice me ferait du mal sans te faire du bien. Nous continuerons à nous voir, n’est-ce pas ? Nous nous promènerons ensemble quand Lu le voudras et nous serons deux amis, l’ami Pierre et l’amie Berthe.

Tu comprends bien que je ne puis pas courir après ta maladie. Je crois y avoir échappé, puisque je n’en vois pas les signes, mais je ne suis pas encore hors de danger. Un de mes amis, qui est médecin, me l’a dit. Il faut attendre une quinzaine de jours.

Berthe, si j’étais malade, je te pardonnerais. Je suis d’une famille où l’on n’a jamais eu ces maladies-là. Je ne voudrais pas la donner à d’autres. D’ailleurs nous allons nous écrire comme par le passé. J’espère bien ne jamais me repentir de t’avoir connue.

Je te quitte, ma chère petite amie ; en pensant bien à toi. J’attends ta réponse avec une grande