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parce qu’on leur a dit : « La vérole n’est rien. Pendant trois ans on prend des pilules. » J’ai vu passer les femmes qui ont dix-huit mois de vérole et qui pleurent. Elles mettent leur tête sous leur bras et pleurent en disant : « Jamais je ne guérirai. » Les médecins les consolent en éclatant de rire. J’ai vu passer les vieilles. Comme des bêtes elles écartent les jambes. Elles sont un pauvre gibier que l’on blesse et qui se laisse faire sans une plainte, ayant l’habitude des blessures.

C’est ainsi que parlait Louis Buisson, ne pensant pas à Pierre. Puis il lui vint comme un éclair : mais Berthe, Pierre et Berthe !… Il regarda son ami qui, les deux mains jointes sur ses genoux, ne pensait pas, lui, à faire des discours. Cette pauvre fille à la vérole, il la voyait toute en larmes, avec les larmes des véroles, et c’était si triste qu’il ne pouvait pas lui adresser un reproche.