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mari tenait un commerce de marchand de vin, elle fit connaissance d’un garçon aux yeux violents. Son regard la dominait comme une force puissante. Elle le suivit un jour à l’hôtel meublé où, docilement, elle devint sa femme. Elle m’a raconté que, toute nue, il l’avait prise ensuite dans ses bras et l’avait posée au milieu de l’édredon. Elle était si petite que l’édredon la débordait, elle ne bougea plus et, toute lasse, s’endormit là avec sa virginité perdue. J’ignore pourquoi ses parents ne la firent pas rechercher. Ils vécurent quatre mois sans qu’elle travaillât, mais peu à peu il la détournait de l’honnêteté. Il la mena lui-même sur les Grands Boulevards et lui choisit son client. Elle fit quinze francs et elle en éprouva une sorte de bonheur naïf.

Quand je la connus, elle n’avait pas seize ans. Je n’ai jamais vu de femme aussi courageuse. Elle avait fini par trouver du