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flexion, et l’on voyait que ses chagrins n’étaient pas récents, car déjà un profond cercle noir cernait ses yeux, et les plis que la douleur marque au visage étaient creusés sur le sien depuis longtemps.

C’est certainement un des spectacles les plus pénibles et qui serrent le cœur avec plus de force, que la vue d’un homme de bien, parvenu à l’âge du repos de corps et d’esprit, et qui éprouve ces agitations pénibles et ce découragement cruel, qui sont si souvent à Paris le partage de l’âge mûr, dans la classe de ceux qui vivent de leur travail. La jeunesse a des forces et des espérances surabondantes pour supporter le malheur, et le malheur, même le plus cruel, n’y est jamais sans consolations immédiates ou lointaines.

Mais quand les jours de tristesse viennent à une époque de la vie où l’on sait à quoi s’en tenir sur toute chose, il faut un courage presque surhumain pour n’en être pas abattu ; on sent trop qu’il prend possession de vous pour toujours. M. Norbach paraissait en ce moment accablé par une lutte intérieure qui le laissait sans force, si ce n’était sans courage. Pendant une heure au moins il resta ainsi immobile ; mais si sa personne ne faisait aucun mouvement, son esprit parcourait un chemin immense, et il n’y avait pas de route difficile et même dangereuse qu’il ne parcourût pour essayer de trouver une issue. M. Norbach serait peut-être encore