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tout. La soie des meubles était fanée et même usée, quelques vides annonçaient que des objets, sans doute les plus précieux, avaient été enlevés. Le salon, fort grand, n’avait plus ni pendule ni candélabres. Un vase commun de porcelaine blanche, mais rempli de fleurs très-fraîches, semblait seul un symptôme de jeunesse au milieu des désastres qu’attestait la vieillesse du mobilier, comme ces végétations nouvelles qui poussent au milieu des ruines et en font mieux remarquer la vétusté. Du reste, rien n’annonçait la vie dans ce salon ; tout y était en place ; les persiennes fermées, les rideaux baissés cachaient le ciel et empêchaient la lumière de pénétrer dans ce lieu pour découvrir les tristes mystères de sa décadence.

C’était le tombeau où les joies et les splendeurs de la vie étaient renfermées, pour y dormir peut-être du sommeil éternel, si la jeunesse, dont la présence s’était laissé deviner, n’était pas le réveil incessant du bonheur.

C’est à Paris surtout qu’il se rencontre de ces existences à demi brisées, sur lesquelles une opulence passée ou passagère a jeté des teintes douloureuses. Là on éprouve quelque chose d’amer à voir ces indices de la pauvreté au milieu des débris du luxe, et cela vous serre le cœur, en vous montrant que la fortune a passé par là.

Après ce salon, dont la grandeur et l’obscurité