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vée dans sa maison par une institutrice de famille noble, Mlle Berthe de Saint-Armance. Cela se pratique ainsi chez la plupart des bourgeois enrichis, et c’est une des douloureuses ressources laissées aux filles bien élevées, ruinées par les révolutions. Mlle Marthe d’Amblemont était destinée à un de ces mariages princiers qui sont fréquents à notre époque chez les nouveaux millionnaires. En attendant, le père et la mère prenaient des airs de prince, trônaient chez eux et semblaient être les souverains de la maison. Ils étaient très-riches.

Le troisième étage avait aussi une grande élégance. Mais les logements étaient beaucoup moins grands, car deux appartements avaient, été pratiqués dans l’espace qui, au premier, n’en formait qu’un seul. L’un était habité par des étrangers qui se renouvelaient souvent : c’étaient des Portugais. Quand les uns s’en allaient, les gens du même pays, de leur connaissance, les remplaçaient, et ces locataires nomades ne laissaient nulle trace remarquable de leur passage. Mais l’autre moitié de ce troisième étage avait des habitants dont la situation appartient particulièrement aux mœurs de la capitale. Depuis près de quinze ans que la maison était bâtie, ce logement était occupé par M. Norbach et ses deux filles. L’ameublement avait dû être d’une grande recherche et d’une élégance du meilleur goût ; mais déjà le temps avait laissé des trace ? par-