Puis elle allait se remettre à marcher, quand le jeune homme ayant promené ses regards alentour, lui demanda d’un ton plein d’intérêt et d’étonnement :
« Êtes-vous donc seule ? »
Antonia leva pour la première fois ses yeux sur cet étranger qui paraissait s’inquiéter pour elle, sans défiance et sans hardiesse, croyant devoir répondre à cet intérêt, elle dit avec un léger et triste sourire, en montrant le carton qu’elle tenait à la main :
« J’y suis habituée, monsieur ; je donne des leçons de dessin. »
Un salut, le plus gracieux du monde, accompagnait ces paroles, et elles étaient à peine achevées qu’Antonia marchait vivement et s’éloignait à pas pressés. Les regards du jeune homme la suivaient, et déjà on ne l’apercevait plus que très-vaguement, lorsque la femme restée spectatrice muette de ce qui se passait, cria d’une voix pleine d’impatience :
« Gaston ! est-ce que vous allez rester là toute la journée ? »
Le jeune homme remonta à cheval sans prononcer un mot, et tous deux traversèrent le bois sans parler.