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mécontent, ses larges sourcils d’un brun fauve comme l’étaient ses cheveux très-abondants, tout subit cet examen, qui finit par un éclat de rire aigu et strident comme le sifflet d’une locomotive, quand le fer rase et broie un autre fer qui semble crier sous sa pression.

En ce moment le jeune homme avançait sa main pour offrir quelque argent à la pauvre vieille renversée par sa compagne, elle vit son mouvement, et de même que son émotion avait été bien différente en regardant Jeanne de celle qu’elle avait éprouvée en examinant Antonia, puisque l’une avait amené des larmes et l’autre un rire moqueur, sa conduite ne ressembla point en ce moment à ce qui avait précédé : au lieu de refuser l’aumône, elle se jeta dessus avec avidité, et retrouvant, à ce qu’il sembla, les forces de la jeunesse, elle bondit et courut jusque sur le bord de la route où elle disparut à l’instant derrière les arbres par un petit sentier tortueux.

Le jeune homme n’était pas encore remonté à cheval. Il regardait Antonia dont les yeux avaient machinalement suivi la vieille femme qui excitait au plus haut point sa curiosité.

« Vous ne la suivez pas ? » dit-il.

Antonia se retourna vers lui et répondit avec un son de voix tout plein de charme et une prononciation toute distinguée :

« Je ne la connais pas. »