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pir de satisfaction. L’eau, légèrement agitée par le vent, avait de petites vagues dont le sommet reflétait la lumière. Antonia s’en approcha et leur sourit, car le murmure de ces jolies vagues tremblantes qui semblaient venir à elle lui paraissait comme un sourire de la nature auquel le sien devait répondre amicalement.

C’était un charmant tableau que ce magnifique parc où l’on n’apercevait en cet instant que cette jeune fille sur le front de laquelle les soucis de la vie et ses douleurs poignantes avaient déjà marqué leur passage, et dont le doux et frais sourire, encore enfantin, s’épanouissait un moment aux dons du ciel ! Cette eau qui brillait, son doux murmure, celui du vent qui bruissait entre les branches, les toutes petites fleurs qui apparaissaient au milieu du gazon toujours vert, étaient des objets pleins de charmes pour la pauvre enfant : elle y retrouvait sa jeunesse écartée d’elle par le chagrin.

Bien des âmes fatiguées des luttes d’une vie malheureuse éprouvent ainsi du soulagement dans la contemplation de ces lieux enchanteurs.

La jeune fille rêveuse resta longtemps immobile, mais son front s’était éclairci petit à petit. Il semblait que l’oubli, puis l’espoir, entrait dans cette âme affligée ; et quand elle leva ses yeux vers le ciel, ils eurent l’air d’envoyer un remercîment au Créateur de cette nature qui venait de la soulager.