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LES DÉMONIAQUES DANS L’AKT.

« Un évêque fait sortir du corps de deux paysans deux diables qui s’envolent effarés. Au-dessous est écrit : Mathurin Rattefons. C’est le nom du paysan pour qui le potier avait peint le sujet en plaçant son client sous les auspices de saint Mathurin. Cette faïence décorée en bleu avec quelques rehauts de jaune est attribuable aux fabriques de Nevers, vers 1750.

Je n’ai remarqué qu’une fois dans ma carrière un sujet semblable. Je n’en garantis pas moins l’authenticité.

En tout cas il fallait que je cas de possession diabolique ci-dessus fut très répandu dans le pays pour donner naissance à une telle représentation populaire. »


CONVULSIONNAIRES DE SAINT-MÉDARD

1727-1760

Les épidémies convulsives dans lesquelles on a voulu voir l’influence d’un principe surnaturel n’ont pas toujours été attribuées à l’action néfaste du génie du Mal, du démon. En plusieurs circonstances, elles ont été considérées comme une intervention du principe du Bien dans l’humanité, comme une manifestation de la puissance divine elle-même.

Les sectes religieuses qui en étaient les victimes y voyaient les marques d’une faveur spéciale de la divinité, et s’en servaient comme de preuves irréfutables pour faire prévaloir leur doctrine et confondre leurs adversaires.

Ces interprétations opposées ne pouvaient manquer d’amener, dans la forme extérieure des accidents, quelques modifications en rapport avec la croyance généralement acceptée. Mais il est bien curieux de mettre en lumière les traits communs qui relient entre elles toutes les épidémies convulsives, quelle que soit leur cause supposée ; d’ailleurs d’ordinaire les avis étaient partagés, et lorsqu’un parti prônait l’action divine, les adversaires ne manquaient pas d’accumuler preuve sur preuve, pour tirer des mêmes faits une conclusion diamétralement opposée et démontrer l’influence du malin esprit.

Ce fut le cas de l’épidémie de convulsion qui se produisit à Paris dans la première moitié du siècle dernier, et qui débuta autour du tombeau du diacre Paris, dans le cimetière de Saint-Médard.

Nous résumerons en quelques lignes l’histoire de l’épidémie convulsive de Saint-Médard. Les événements qui s’y rattachent peuvent se grouper en trois époques.