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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

du même tempérament. Rubens plus pensif et plus profond, Jordaens plus rude et plus grossier… Jordaens représente même au delà de la forme la fureur de coloris et l’ampleur de la pratique. » Son génie devait se sentir à l’aise dans la représentation des scènes violentes comme l’étaient le plus souvent les scènes de possession.

En effet, son possédé est un homme vigoureux en proie à une agitation telle que quatre aides ne le maintiennent qu’au prix des plus grands efforts. Nous ne retrouvons pas dans ce personnage la profondeur d’observation et la justesse d’exécution que nous avons signalée dans la possédée du tableau de Rubens. Il ne possède aucun de ces caractères précis, marques indiscutables de la crise démoniaque, et que nous trouvons si merveilleusement réunis et exprimés chez la démoniaque du saint Ignace. Mais il est impossible de rendre avec plus de fougue et de vérité le désordre et particulièrement la violence des mouvements convulsifs.

Or il ne faut pas oublier que chez les hommes, l’attaque démoniaque peut révéler des caractères spéciaux résultant de l’excès de la fureur, de l’exagération, et de l’amplitude des convulsions, lesquels arrivent au paroxysme le plus inouï de la violence. À ce point de vue nul ne pourrait concevoir une figure plus expressive que le possédé du saint Martin ; et à défaut d’une fine et délicate observation de la nature, Jordaens en cette circonstance a été heureusement servi par sa manière qui est la nature même de son génie.


MIRACLE DE SAINT GAUDENZIO

TABLEAU DE PIERRE FRANÇOIS GIANOLI (NÉ EN 1690}. ÉGLISE DE SAINT GAUDENZIO, À VARALLO (VALSÉSIE)

Dans une ancienne église de Varallo, dédiée à saint Gaudenzio, on voit une série de tableaux représentant des épisodes de la vie du saint, et peints par un artiste valsésien du XVIIe siècle, Pierre-François Gianoli. L’un d’eux représente une noble dame de Novare conduite au tombeau de saint Gaudenzio pour y être délivrée du démon. La malade est soutenue par deux suivantes. Au-dessus d’elle deux diables s’envolent [1].

  1. Nous devons la connaissance de ce document à l’obligeance de MM. Giuseppe Antonini et Carlo Mariani, de Torin.