Page:Charcot - Les Démoniaques dans l’art.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

pour le maintenir. Son membre supérieur droit s’élève comme pour frapper, le poing fermé, pendant que l’autre membre supérieur dont la main cherche à déchirer la draperie qui enveloppe le torse, est emprisonné dans l’étreinte vigoureuse de l’aide qui l’a saisi. Ses membres inférieurs, dont l’un est fléchi, s’agitent dans le vide. La tête penchée à gauche nous montre une physionomie agitée : les globes oculaires convulsés en bas sont en même temps en strabisme interne, et la bouche est à demi-ouverte dans un mouvement convulsif bien observé.

En somme, nous retrouvons dans cette figure évidemment prise sur nature plusieurs signes qui appartiennent sans conteste aux convulsions de l’hystéro-épilepsie.

Déodat Delmont avait passé plusieurs années à Rome avec Rubens, dont il était l’ami autant que l’élève. Il avait donc pu étudier le tableau de Raphaël, que le cardinal de Médicis avait détourné de sa destination première et dont il avait fait don à l’église San-Pietro in Montorio.

N’est-il pas intéressant, sans vouloir établir de parallèle entre les deux artistes, de constater comment le peintre flamand, du moins en ce qui concerne la figure du jeune possédé, s’éloigna résolument du tableau du chef de l’école romaine, et, à la place d’un personnage de convention, sut dessiner une figure prise sur le vif et toute palpitante de réalité[1].


SAINT DOMINIQUE DÉLIVRE UNE FEMME POSSÉDÉE

FRESQUE DE LORENZO DELLO SCIORINA (1568). ÉGLISE SANTA MARIA NOVELLA. À FLORENCE

Lorenzo dello Sciorina, peintre florentin, élève de Bronzino florissait vers 1568. La fresque de sainte Marie Nouvelle est une œuvre importante et qui, à notre point de vue spécial, sans présenter des qualités de premier ordre, mérite cependant d’être signalée et de nous arrêter un instant. La scène se passe dans une église, saint Dominique est en chaire, lorsqu’on amène une

  1. Il n’existe dans la chapelle XVII du sanctuaire du Sacro monte di Varallo (Valsésie) une représentation de la Transfiguration par le groupement de vingt statues en terre cuite peinte, de grandeur naturelle. Cette œuvre importante et, parait-il, d’une grande beauté, est due au concours de trois artistes valsésiens du XVIIe siècle. La disposition générale rappelle celle qui a été adoptée par Raphaël et suivie également par Déodat Delmont. Dans la partie supérieure, le Christ et les prophètes exécutés en haut relief sont de Pétera di Varallo. Sur le sommet du Thabor les statues des trois disciples ont été faites par Jean d’Enrico. Enfin toute la scène qui se passe au bas de la montagne est l’œuvre de Gaudenzio Soldo ; il s’agit également de la guérison d’un personnage lunatique, mais qui diffère complètement de celui qui a été représenté par Raphaël : ici c’est une jeune fille soutenue par sa mère. La jeune malade est au milieu d’une crise, renversée en arrière, les bras étendus, la bouche ouverte et les traits convulsés. (Nous devons la connaissance de cette œuvre pleine d’intérêt à l’obligeance de MM. Giuseppe et Carlo Mariani de Turin.)