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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

l’exorcisme, c’est que ces possédés sont tous trois solidement attachés à un des piliers de l’église par des liens qui entourent les épaules, le torse et les mains. Ce procédé dispensait du secours des aides qu’il fallait avoir souvent en grand nombre pour maintenir les énergumènes. Mais un semblable résultat était ailleurs obtenu d’une autre façon. Le Dr Tommaso-Tommasi nous apprend en effet que dans la chapelle des Bienheureux, à Vallombroso, chapelle renommée pour la guérison des démoniaques, existent près de l’autel deux grands creux assez profonds pour qu’un homme y disparaisse jusqu’au sommet de la poitrine. Il paraît que l’on introduisait le possédé dans l’un de ces trous et que dans l’autre pénétrait l’exorciste.


LE CHRIST GUÉRISSANT LES POSSÉDÉS

GRAVURES AU BURIN D’APRÈS J. VAN ORLEY (NÉ EN 1471, MORT EN 1541)

Van Orley, le grand artiste décorateur qui a dessiné de nombreux cartons pour tapisseries ou pour vitraux[1] a laissé une suite de gravures relatives au Nouveau-Testament, parmi lesquelles se trouvent deux scènes de possession. Ces compositions offrent plus d’intérêt au point de vue de la mise en scène et de l’effet décoratif qu’au point de vue de la justesse et de la vérité des attitudes.

Les démoniaques de Van Orley ne manquent point de vigueur et de pittoresque, mais il n’y faut point chercher la précision du détail.

Le premier dessin retrace la scène dans laquelle le Christ ordonna aux esprits qui possédaient un démoniaque de sortir et d’entrer dans le corps de pourceaux qui paissaient là. « Ite, et illi exeuntes abierunt in porcos (Mathieu, cap. viii) ».

Le paysage est grandiose. La vue s’étend au loin sur la mer.

Au premier plan, deux possédés renversés à terre s’agitent désespérément. Le Christ s’approche et leur impose les mains. Tout autour, de nombreux disciples manifestent les sentiments les plus divers. De la bouche des démoniaques s’échappe une vapeur épaisse, au milieu de laquelle on distingue une foule de petits diablotins qui se dirigent vers le troupeau de porcs paissant au sommet de la falaise.

La seconde gravure du même auteur nous offre la guérison de l’enfant possédé. « Et increpavit

  1. Entre autres les chasses de Maximilien, dont les Salles du Louvre exhibent une série, et les vitraux de l’église de Sainte-Gudule, à Bruxelles.