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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

cette attitude de la main (les trois premiers doigts étendus, les deux derniers fléchis), que celui de l’avoir observée sur la nature[1].

En effet, au milieu des contorsions de ces crises convulsives dont l’aspect est si effrayant que nous les avons décrites sous le nom de crises démoniaques nous avons vu souvent les doigts reproduire la pose en question. Dans l’espèce, c’est là un geste dû uniquement à la contracture, et dans lequel il n’entre aucune signification spéciale en rapport avec une hallucination. Nous savons d’ailleurs que cette attitude de la main, que nous avons étudiée au sujet des contractures de l’hypnotisme sous le nom de « griffe cubitale », est due à l’action simultanée de tous les muscles tributaires d’un des gros troncs nerveux du membre supérieur, le nerf cubital.

Cette peinture est considérée comme une des meilleures de Francesco di Giorgio, plus généralement connu comme architecte. Crowe et Cavalcasselle l’apprécient en ces termes flatteurs : Genuine, very careful and a pleasing work[2].


SAINT VALENTIN GUÉRIT UN JEUNE HOMME ÉPILEPTIQUE

TABLEAU[3] DE BARTHÉLEMY ZEYTBLOOM (VERS 1490), MUSÉE D’AUGSBOURG

Bien qu’il ne s’agisse pas ici d’une scène de possession, nous ne saurions passer sous silence ce tableau d’un maître apprécié qui a représenté un malade au milieu de la crise convulsive.

Le jeune malade est à terre, renversé dans un spasme opisthotonique, ne portant que sur la tête et sur l’extrémité des talons. La tête renversée en arrière continue l’inflexion du corps, la bouche est entr’ouverte. Tout le corps ainsi courbé en arc de cercle est dans une attitude bien vraie et certainement observée sur nature ; cette figure doit être rapprochée du remarquable dessin de Ch. Bell dont il sera question plus loin (Voy. p. 51). Sans entrer ici dans de longs développements nous dirons que cette forme d’arc de cercle, ainsi que la position des bras étendus en croix se rapproche bien plus de l’hystérie que de l’épilepsie. Mais, quelle que soit la nature de la convulsion, l’apparence flaccide des mains ouvertes ne paraît avoir aucune raison d’être. Elles sont en contradiction avec le spasme répandu sur tout le corps, et ce serait

  1. Voir les figures des pages 103, 104 et 105.
  2. A New History of Painting in Italy from the second to the sexteenth Century, by J.-A. Crowe and G.-B. Cavalcasselle, vol. iii, p. 67. London, 1886.
  3. Nous devons la connaissance de ce document à l’obligeance du Dr P. Marie.