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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

Dans un cas rapporté par M. Bourneville et Dauge, un garçon de treize ans tordait les barreaux du lit, les rampes d’escalier, il soulevait un lit monté et le jetait sur un autre. L’exagération et la prédominance de cette période constituent la variété démoniaque de la grande attaque hystérique.

3e Période des attitudes passionnelles. — L’hallucination préside manifestement à cette troisième période. Le malade entre lui-même en scène et par la mimique expressive et animée à laquelle il se livre, les phrases entrecoupées qui lui échappent, il est facile de suivre toutes les péripéties du drame auquel il croit assister et où il joue le principal rôle. Lorsque c’est une femme deux ordres d’idées bien différents se partagent ordinairement les hallucinations ; ce tableau a deux faces, l’une gaie, l’autre triste.

Dans l’ordre gai, la malade se croit par exemple transportée dans un jardin magnifique, sorte d’Éden, où souvent les fleurs sont rouges et les habitants vêtus de rouge. On y joue de la musique. La malade y rencontre l’objet de ses rêves ou de ses affections antérieures et les scènes d’amour suivent quelquefois. Mais cette partie érotique manque souvent et dans tous les cas ne joue, ainsi qu’on le voit, qu’un rôle absolument secondaire au milieu des manifestations si nombreuses et si variées qui constituent la grande attaque hystérique. — Les tableaux tristes sont des incendies, la guerre, les révolutions, des assassinats, etc., presque toujours il y a du sang répandu.

Chez les hommes, ces visions lugubres et terrifiantes occupent presque à elles seules toute la troisième période. Les hallucinations gaies sont pour ainsi dire exceptionnelles.

4e Période terminale. — Après la période des attitudes passionnelles ou poses plastiques, on peut dire, à proprement parler, que l’attaque est terminée. La connaissance est revenue, mais en partie seulement, et pendant un certain temps la malade demeure en proie à un délire dont le caractère varie ; il est entrecoupé d’hallucinations et accompagné parfois de quelques troubles du mouvement. Ce délire constitue une quatrième période par laquelle passe la malade avant de retrouver son équilibre normal. C’est comme un reste de l’attaque qui s’épuise, et les accidents qui se présentent alors sont justement comparables et, parfois même, identiques à ceux qui précèdent l’attaque et lui servent en quelque sorte de prélude.

Parmi les troubles du mouvement que l’on peut alors observer nous signalerons des contractures généralisées fort douloureuses, et imprimant aux membres les positions les plus étranges. Les malades qui ont alors repris connaissance, en partie du moins, ne peuvent s’opposer aux sortes de crampes qui tordent leurs membres sur lesquels leur volonté n’a plus aucune prise. Comment ne pas croire qu’un mauvais génie les torture. Elles poussent alors des cris arrachés inconsciemment par la douleur, et offrent le tableau le plus mouvementé et le plus lamentable. L’attaque régulière, l’attaque type, ainsi composée de ses quatre périodes, emplit une durée moyenne de un quart d’heure ; mais elle peut se répéter pour constituer des séries d’attaques dont le nombre varie de vingt à deux cents et plus. Il se produit alors une sorte d’état de mal qui peut se prolonger plusieurs heures et même au delà d’une journée.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, diverses variétés de l’attaque hystérique découlent logique-