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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

de dire que les malades se livrent alors à de véritables tours de force, et le nom de clownisme par lequel nous la désignons également nous semble pleinement légitimé.

Pendant les diverses phases de cette période les malades montrent une souplesse, une agilité, une force musculaire bien faite pour étonner le spectateur et souvent, chez la femme, en opposition complète avec les apparences chétives du sujet. Ces phénomènes avaient vivement frappé les premiers observateurs témoins des agitations des possédés, et nous trouvons, dans le Rituel des exorcismes[1] qu’un des signes de la possession démoniaque consistait dans le développement des forces physiques supérieures à l’âge et au sexe de la personne chez laquelle elles se manifestent. Chez les hommes cette période arrive parfois à un degré de violence qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer.


PÉRIODE DE CLOWNISME DE LA GRANDE ATTAQUE HYSTÉRIQUE
Cris de rage.

Les contorsions consistent en des attitudes étranges, imprévues, invraisemblables. Parmi ces attitudes que nous avons également qualifiées d’illogiques, pour les distinguer des attitudes de la troisième période dont il sera question tout à l’heure {attitudes passionnelles) qui sont toujours la représentation d’une idée ou d’un sentiment, il en est une pour laquelle les malades semblent avoir une préférence marquée ; elle se reproduit aussi bien chez les hommes que chez les femmes et à peu près de la même façon ; elle mérite le nom d’arc de cercle. Le malade est fortement courbé en arrière, les pieds et la tête reposent seuls sur le lit, le ventre parfois météorisé formant le sommet de la courbe. L’arc de cercle varie d’aspect suivant que le sujet, au lieu de se soutenir sur le dos et les pieds, porte sur les côtés du corps ou seulement sur un point du ventre.

  1. Cité par L. Figuier, Histoire du Merveilleux, page 29.