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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

un véritable recueil d’observations médicales, qui par la précision des détails nous permet de reconnaître aujourd’hui la véritable nature des accidents morbides dont il est parlé.

Nous n’aurions rien à en dire ici si ce livre n’était accompagné de gravures fort intéressantes, et dont certaines présentent, à notre point de vue spécial, un haut intérêt.

Nous citerons, par exemple, une gravure relative à la guérison d’une demoiselle Fourcroy, qui, privée depuis quinze mois de l’usage du pied gauche, fut guérie subitement à la suite de convulsions sur le tombeau même du bienheureux.

La relation du cas nous a permis d’établir[1] que cette demoiselle présentait les signes les plus variés de la grande névrose ; mais l’affection du pied gauche, si curieusement décrite par Montgeron et déclarée incurable, si imprudemment, par cinq célébrités médicales de l’époque, fait l’objet d’un dessin très remarquable dans l’espèce.

Il vaut à lui seul plus et mieux qu’une longue description ; il suffit pour établir la véritable nature du mal, et rien qu’à le considérer, il est impossible de ne pas reconnaître les signes si typiques et si précis du « pied-bot hystérique ».

La demoiselle Fourcroy était donc atteinte d’une contracture hystérique du pied gauche. On reconnaîtra tout l’intérêt de cette révélation, lorsque l’on saura que la contracture hystérique, qui parfois immobilise un membre pendant des années, loin d’être incurable, guérit d’ordinaire de la façon la plus imprévue, subitement, sous l’influence d’une vive impression morale et souvent à la suite des attaques de convulsions généralisées.

C’est dans de semblables circonstances que la demoiselle Fourcroy a guéri, et une seconde gravure de l’ouvrage de Montgeron la représente, après le miracle, s’avançant d’un pas assuré, au milieu de la foule qui admire et qui se précipite à genoux.

II

Le tombeau du bienheureux François de Pâris

Une des premières illustrations du livre de Carré de Montgeron représente le tombeau du bienheureux François de Pâris. Il s’agit non d’une gravure épisodique, mais d’une sorte de représentation synthétique qui, en même temps qu’une reproduction exacte des lieux, cherche à résumer l’œuvre dans son ensemble. La plupart des personnages représentés ici sont des portraits.

  1. Voir Études cliniques sur la grande hystérie, par Paul Richer.2e édit. p. 872.