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PREMIÈRE PARTIE

I

Les yeux encore lourds de sommeil, Auguste contemple les murs de sa chambre, si hauts qu’ils semblent se perdre dans le toit. Tout d’abord, il ne reconnaît pas ses meubles, puis, peu à peu, leur ancienne physionomie lui appa­raît. Voici le bahut, où il range ses livres d’ima­ges, la descente de lit en peau de chevreuil dont les poils s’arrachent à pleines mains, et où s’alignent quatre petits trous blancs creusés par ses genoux et ceux de son frère. Claude, dans son petit lit, dort, la bouche ouverte, un fil de salive reliant la commissure de ses lèvres à l’oreiller. Que fait donc Georgette ? Le ma­tin, alors que les enfants somnolent, la servante monte les petits habits bien brossés et les dispose dans l’ordre de leur endossement au pied des lits.

Pendant l’aménagement dans cette nouvelle maison, Auguste a passé quelques jours chez sa

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