Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
LES DÉSIRS

Caroline à la seule pensée d’être séparée de son fils, fond en larmes.

— Voyons, voyons, Caroline, je l’aime autant que vous, mais vous êtes sa mère.

— Une bien pauvre mère, allez ! Vous avez plus le tour que moi et quand il arrive ici, il a l’air d’aimer mieux ça que dans not’pauvre maison.

L’idée d’adopter Pierre hante le cerveau simple d’Eugénie. Les gens simples sont plus que d’autres capables de passions violentes ; ils n’ont pas de diversions. Elle trouve des arguments pour écouter son démon : cet enfant ne mène pas une vie normale ; avec moi, il aura tout ce qui lui manque.

La scène change : elle consulte ses parents, le curé et enfin le notaire. Tous approuvent le projet d’adoption. Elle trouve même un allié imprévu dans la personne du mari de Caroline.

— Que ferez-vous de Pierre quand vous ne pourrez plus travailler, Caroline ?

— Je suis encore bonne, madame Eugénie, personne ne s’est encore plaint de moi. Je suis pas bien fine mais je recule pas devant le gros ouvrage.

— Oui, mais ce n’est pas une vie pour un