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ET LES JOURS

parler, mais de se dissimuler quelque part et de la regarder sans être vu d’elle. Pourtant Pierre n’a rien d’un rêveur. Il n’a pas au sujet des femmes les mêmes illusions qu’Auguste. Mais la timidité de Massénac vient de son ignorance des usages. Si seulement, il pouvait entraîner Germaine hors de son milieu…

Il soigne particulièrement sa toilette, enduit de gomine ses cheveux rebelles, frotte ses joues et sa nuque d’eau de Cologne. À huit heures, il se dirige, d’un pas décidé, vers l’hôtel où Auguste lui a dit que Germaine va danser.

Au moment où il va pénétrer dans le premier salon, Germaine en sort et s’arrête à quelques pas de lui. Elle ne paraît pas le voir et poursuit en anglais une conversation commencée avec un jeune homme en habit. En la voyant si vive, parlant si familièrement une langue étrangère, Pierre croit s’être trompé. Pourtant ce sont bien le teint chaud, et le regard, les cheveux fauves qu’il a admirés le dimanche précédent. Comme si elle voulait dissiper tout doute quant à son identité, Germaine retourne dans la salle et reparaît presque aussitôt avec son frère Maurice.

Maurice aborde familièrement Massénac, ha-